Extrait du livre:
Ils avaient déambulé à pieds dans Rome. Titouan s’était même fait des ampoules ! Il lui avait fait découvrir le Colisée, lieu colossal certes, mais lieu de plaisir…pour certains, lieu de souffrance et de mort, pour d’autres, nombreux, très nombreux. L’édifice faisait cent quatre-vingt-huit mètres de diamètre long et avait pu contenir quarante cinq mille places assises et plus de cinq mille debouts. Impossible de savoir combien d’esclaves avaient péri pendant les dix années que dura sa construction. Il y avait jusqu’à dix séances par jour et plus de deux cent-quarante jours par an. Combats navals dans une arène inondée, les naumachies, combats de gladiateurs par milliers, dix mille rien que pendant le triomphe de Trajan, chasses, sans compter l’exécution des condamnés pendant l’entracte de midi et jusque dans des mises en scènes abominables. L’horreur jusqu’à l’insoutenable !
Très variés, les jeux duraient de l’aube à la tombée de la nuit. Parfois, les spectacles tenaient plus du cirque que d’autre chose mais, le plus souvent, ils revêtaient une cruauté extrême et le sang coulait à flot. On venait d’ailleurs pour cela sous couvert de participer, en bon citoyen, aux cérémonies quasi-religieuses destinées à entretenir de bons rapports entre les dieux et la cité. Venir au spectacle était une obligation morale et religieuse, pour que les dieux respectent la cité.
Malgré cela, cet édifice reste majestueux et très impressionnant. On avait du mal à imaginer sa construction où on avait dû apporter, hisser et assembler des bloc de travertin énormes et parfois de plusieurs mètres cubes… encore en place et dans un équilibre stable que dix-neuf siècles avaient respecté. Merveilleux romains, va ! Constructeurs de génie !
N’empêche, des cris résonnaient à ses oreilles lancés dans l’antiquité mais qui semblaient encore vibrer dans ce lieu chargé d’histoire:
–Ave, imperator, morituri te salutant ! : « Salut, Empereur, ceux qui vont mourir te saluent ! »
Titouan imaginait les clameurs de cette foule immense en délire. Il sentait que les clameurs des grands matchs de foot d’aujourd’hui ne devaient donner qu’une bien piètre idée de celles qui avaient jadis résonnées ici.
Ils avaient ensuite vu l’arc de Constantin puis étaient montés au Palatin où il avait même sur le sol piétiné par la foule découvert un objet archéologique en bronze enterré mais dont seule une petite partie dépassait. N’ayant rien pour l’extraire, il dût se résoudre à le laisser en place ! Grrrr ! C’était tout lui ça ! Ah ces archéologues !
Ils longèrent une galerie descendante qui s’enfonçait dans les grands bâtiments. Pas très large mais haute. Cette rampe était bordée des deux côtés de murs de briques. On la dominait de haut, de très haut. L’entrée sous le palais passait sous une voûte qu’on voyait à une grande hauteur, presque deux étages d’une seule volée.
–Dame, lui dit Nat, il fallait bien qu’ils puissent passer à cheval et avec leur lance !
Elle aussi se fondait dans le temps, comprenait ces lieux et imaginait les gens qui y avaient vécus. Titouan appréciait ! Il ne s’était pas trompé. Cette femme lui plaisait de plus en plus, lui collait à la peau ! Il pressentait un amour fort, un amour énorme, un amour passion !
Autre extrait:
Le 26 avril 2007
Nataëlle,
Ma Nat, my love, mon cœur, ma toute belle, ma chérie, mon Amour, Notre voyage à Rome fut un ravissement, plein d'enseignements, sur divers plans, notamment humain entre nous deux. Merci !
Certes notre liaison présente les énormes difficultés de cette vie parallèle. Je sais et admets parfaitement que depuis quelques temps tu n'aies pas la tête à notre liaison : famille qui te scotche, soucis financiers, changements professionnels, éventuelle création d'entreprise, reprise ( ?) de dialogue avec ton mari… car, comme tu le dis toi-même, tu ne fais pas plusieurs choses à la fois. Je sais aussi que tu fais les choses généralement bien et avec honnêteté. Certes je puis très bien te voir débarquer un beau jour comme une fusée parce que tu en aurais envie ! C'est déjà arrivé, non ?
Mais je puis aussi recevoir simplement un message m'annonçant que la parenthèse vient de se refermer et que je ne suis plus dedans. Il est convenu entre nous que le premier de nous deux qui trouverait ailleurs chaussure à son pied ou démarrerait une autre liaison préviendrait l'« autre ».
Je m'y suis préparé et, sois rassurée, il n'y aurait pas de mal. J'en ai déjà fait potentiellement mon deuil dans ma toute petite tête ! C'est bien !
J'ai retenu tes derniers messages me demandant de n'être pas toujours disponible pour toi, de ne pas m'attacher à toi, de regarder ailleurs…. de savoir que tu peux rester 2 mois sans donner signe de vie… etc.
Tu ne m'as pas contré, à Rome, lorsque je t'ai dit que je t'aime. Sans décoller aucunement, sans se prendre la tête ! En pointillés, certes, mais cependant quand même que je t'aime. Et lorsqu'on aime quelqu'un, ce que l'on veut au fond, c'est d'abord et avant tout son bonheur. Tu m'as annoncé une reprise de dialogue avec ton mari et qu'il fait des efforts incroyables pour te reconquérir. C'est l'ordre normal des choses, tant mieux ! D'autant que tu as besoin de lui ! Tu ne vas pas toi-même tout flanquer en l'air alors je sais ce qui va arriver et qu'au fond je te souhaite maintenant : la reprise de votre vie normale de couple, sentimentale… et sexuelle aussi ! Aide-le, il en a besoin !
Tu m'as avoué ton désir de cesser ta vie de nomade, de te poser. Ta prise de conscience de diverses choses. Je sais que tu vas rester avec ton mari et que cela va redémarrer. L'heureux homme ! Je ne sais pas s'il connaît sa chance, celui là !
Je ne suis pas loin de penser que le big bang que j'ai subi à cause de toi (tant mieux !), les moments exceptionnels et indescriptibles que nous avons vécus ensemble, auront provoqué chez toi quelques ondes et secousses sismiques qui t'auront fait naturellement réfléchir et prendre conscience de diverses choses. Je ne l'avais pas désiré mais tant mieux si ma modeste personne t'a apporté une reprise d'équilibre, même s'il me faut m'effacer.
Si notre parenthèse s'achevait, je m'en tiendrais à ce que j'ai écrit dans mon roman et qui est, tu le sais, la stricte réalité des choses. (Voir poème d'Huez) :
« La vie, chose bizarre,
Peut nous réunir plus tard
Ou nous séparer à tout moment,
Mais je sais maintenant
Que ce sera avec estime et joie
Car toujours tu resteras
Chère à mon cœur. »
Oui, tu comptes depuis le début et compteras désormais beaucoup pour moi, et ...
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